Adria 330

Publié par Krado.

Présentation de "Cassita", notre caravane Adria
Comme j'ai pu le dire dans mon message de présentation sur le forum, nous ne sommes caravaniers que depuis une dizaine (?) d'années.

Auparavant, nous avons campé sous tente, puis dans des véhicules aménagés par nos soins : (dans l'ordre chronologique) une Citroën 2CV fourgonnette AZU, une 3CV fourgonnette AK400, une camionnette Peugeot D4B, une Volvo 244 (expérience que je ne souhaite même pas à mon pire ennemi !), une Citroën Acadiane et un minibus Toyota Hiace.

Comme nous achetions ces véhicules à bas prix parce que personne d'autre n'en voulait, leur durée de vie n'a jamais excédé le laps de temps entre deux contrôles techniques du redoutable Service des Automobiles et de la Navigation du canton de Vaud. A chaque achat de véhicule, il fallait ressortir les outils, récupérer tout ce qui pouvait l'être sur l'ancien et réaménager le "nouveau". Au bout de quelques (nombreuses) années, c'est moi qui fus excédé par ce cirque, et sur les conseils de mon beau-frère, nous avons décidé l'achat d'une caravane, puisqu'à l'époque je disposais d'une vieille Mitsubishi 2.0 L Space Wagon équipée d'un attelage.

Il faut préciser que nous n'appartenons pas au large cercle des 100'000 plus grosses fortunes de Suisse, donc le seul vendeur que je pouvais fréquenter sans rougir était un vieux bonhomme qui tenait un commerce de caravanes hors d'âge dans un terrain vague à l'entrée de St-Sulpice, vers Lausanne.
Comme je lui disais que je ne comptais pas mettre au-delà de 1500 francs suisses, il a soupiré et m'a emmené voir une Laïka en ruines ornée d'une inscription défraîchie "Doner Kebab". A l'intérieur régnait évidemment une insoutenable odeur de graillon. Jamais mon épouse n'accepterait de dormir là-dedans, je le fis savoir au vieillard qui me montra alors une Caravelair Belle-Ile : "Elle est de septante-deux (comprendre 1972), y'a pas d'auvent, le circuit d'eau est foutu et j'ai démonté la tuyauterie du gaz autrement tintin pour la Visite (c'est comme ça qu'on appelle le contrôle technique chez nous) mais j'vous mets deux pneus neufs, j'vous passe la Visite et vous m'donnez 2000 francs !"… Je suis un faible : j'ai fait l'affaire.

J'ai passé pas mal d'heures de bricolages sur notre Caravelair, puis, cinq ans plus tard, en rentrant de séjour (le voyage finissait !) en Drôme des Collines, dans un virage à l'entrée de Cruseilles (Haute-Savoie), le voile de la jante droite s'est déchiré, la roue est partie en vacances sans prévenir la famille, et le reste de la tôle, lui, est demeuré calmement fixé au tambour par ses écrous. Grosse frousse, trace de labourage du tambour râclant le macadam, mais pas d'accident, heureusement. Dépannage par un artiste du tout-ce-qui-roule local (Maître Tochon à Allonzier-la-Caille, que je salue au passage), puis rapatriement par le TCS (la providence suisse des propriétaires d'antiquités roulantes). La roue de 10 pouces, déport 23 et entraxe de 110 mm étant impossible à retrouver tant chez les fournisseurs que chez les casseurs, la mise hors-service était inéluctable. J'avais espéré pouvoir monter une roue d'Austin Mini, mais l'entraxe n'est pas le même.

Entretemps, mon vieux vendeur avait fermé boutique, mais j'étais connecté à la toile (Internet pour les anglophiles) et j'y ai appris l'existence d'une Adria 330 à vendre à Sainte-Croix, dans le Jura vaudois. Là-haut, au lieu de me montrer l'objet de mes désirs, le type commence à tourner autour de ma Honda : "Ah, vous avez une craboteuse, là-dessus ! (comprendre : une vitesse super-courte en plus de la première) c'est génial parce que les nouvelles Honda CRV c'est de la foutaise ! — Oui… et cette caravane ?" Il me désigne enfin le but de ma démarche : "Elle ne passe plus la Visite parce qu'il faudrait revoir la fixation de la caisse sur le chassis… et puis les pneus sont foutus et l'auvent ne vaut plus rien. Mais je vous la laisse pour 2500 francs". Je transige, manœuvre et marchande puis l'emporte enfin pour 2000 francs.

Elle est blanche avec un bandeau bleu comme toutes les Adria de cette époque. Elle est propre à l'intérieur : les propriétaires précédents étaient soigneux, sans aucun doute, bien que des traces dans la partie avant laissent supposer qu'il y avait là deux lits superposés et qu'ils y vivaient donc à quatre. Elle mesure 3.25 m de long sans le timon, elle est prévue pour trois personnes mais nous n'y logeons qu'à deux : même à l'époque où ils nous accompagnaient en vacances, nos enfants dormaient sous tente pour avoir la paix et continuer à bouquiner après l'heure du couvre-feu paternel.





Je dois ici révéler que c'est mon épouse et non moi qui s'astreint à l'essentiel des tâches ménagères. Mon rôle se borne à transporter et remplir le réservoir d'eau (soit pour troubler l'anisette, soit pour se laver les dents), vider les eaux usées, éliminer les poubelles pleines, réparer ce qui casse, fuit, grince, se dévisse, ne ferme plus ou bien refuse de s'ouvrir et enfin inventer tout ce qui manque à une campeuse pourvue d'une imagination débordante. En clair, je suis un paresseux, donc j'accepte de bricoler tout ce qui peut nous simplifier la vie.
Le réservoir d'eau est solidaire d'un petit chariot à deux roues qu'on stationne près du timon, et la pompe à eau qui est rangée dans une boîte plastique fixée sur le coffre, est simplement plongée à l'intérieur du bidon.





Dans la caravane, mon épouse a souhaité de nombreux vide-poches pour loger tout l'invraisemblable bazar qu'on emporte en vacances, et surtout de la place pour les vêtements. Je m'arrête sur ce sujet : comment faites-vous, ô caravaniers expérimentés, pour emporter tous vos habits, tous vos objets usuels dans des meubles de caravane aussi ridiculement petits ??? C'est pas possible !!! La loi devrait obliger les constructeurs de caravanes à faire eux aussi du camping pour attirer leur attention sur la disproportion entre les besoins en espace de rangement de la campeuse et les volumes étriqués qu'ils offrent dans leurs véhicules !



Dans notre Caravelair, j'avais refait une partie du mobilier, mais dans celle-ci, l'intérieur étant en bon état, je n'ai pas osé changer grand-chose, pourtant je n'ai quand même pas hésité à transformer le rangement au plafond de l'espace couchage. La photo ci-dessus (deux photos accolées que j'ai retouchées pour éliminer l'effet de courbure du grand angle, excusez mes piètres talents de photographe !) montre un bandeau sombre au-dessus de la baie : c'est la profondeur du rangement d'origine. La partie en contreplaqué plus clair est la surface de rangement gagnée. Elle est constituée de deux couches de bois croisé de 4 mm, séparées par une armature de baguettes de bois de 10×10 mm, le tout collé puis vissé. Un profilé d'acier galvanisé qu'on voit sous les portes coulissantes traverse toute la largeur pour assurer la rigidité. Ça tient, c'est profond mais ajusté à la longueur du bras de mon épouse pour que rien ne reste toutefois hors d'atteinte. La porte coulissante est récupérée de la Caravelair. Evidemment c'est légèrement bas de plafond, mais l'espace couchage reste toujours installé : on ne dérange le lit qu'au début et à la fin des vacances pour manipuler le matériel emporté dans les coffres. Pour se tenir assis, on utilise l'avant. Les rideaux et les coussins sont l'œuvre de mon épouse, évidemment ! Notez le spot orientable ajouté au-dessus de la table de la partie avant et sa puissance commandée par un rhéostat.







Je m'aperçois avec horreur que je fais honte à la légendaire propreté (?) suisse : j'aurais dû nettoyer l'évier avant la photo !... Mon épouse n'aime pas cuisiner dans la caravane, le plateau est presque toujours rabattu sur le gaz (et occupé par toutes sortes de trucs qu'on y laisse traîner !). Je lui installe un réchaud de camping dehors, sous le pavillon. L'évier sert donc plutôt de lavabo. Le robinet est commandé par un interrupteur à pied : je suis brouillé avec les robinets à contacteur parce que j'ai toujours acheté les moins chers et qu'ils nous laissaient souvent en rade pendant les vacances. Si vous faites une toilette rapide à l'évier, vous n'avez qu'à vous retourner : une barre fixée sur la porte de la penderie porte les serviettes et gants de toilette. Au-dessus : un miroir, un réveil et un thermomètre à maxima-minima. Sous la penderie, il y a un radiateur à gaz que nous n'avons encore jamais utilisé. J'ai songé à le démonter, mais derrière il y a le passage de roue et le gain de place serait quasiment nul. Sous le gaz, il y a un petit frigo Adria d'époque mais qui fonctionne à merveille. Dans le socle du frigo se trouvent le transfo 12 V et tous les dispositifs électriques. A côté : une petite armoire à casseroles surmontée d'un tiroir ridicule que j'ai dû agrandir pour pouvoir y mettre autre chose que trois petites cuillères. Comme l'écoulement de l'évier prend un peu de place, mon tiroir a maintenant une forme légèrement tourmentée !







Au retour de nos vacances en Auvergne, en 2004, notre couvercle de lanterneau nous a quitté subrepticement quelque part entre la pause que nous avons faite vers Feurs pour manger et l'arrêt-pipi dans la Dombes (quitter le lieu de vacances, c'est toujours perdre un peu quelque chose !). Je l'ai remplacé par un bac en polypropylène acheté chez un fournisseur d'articles de laboratoire, fixé par un système métallique solide mais peu commode à manœuvrer. Il ne permet pas d'ouvrir suffisamment, à mon goût, c'est une combine que je dois revoir.







Pour répondre à une question qu'on vient de me poser, notre caravane n'est pas autonome électriquement. Nous sommes tributaires de l'alimentation 220 V des terrains de camping. On peut certes tirer le 12 volts de la voiture : à l'exception du spot orientable, tous les éclairages sont bi-courant et un interrupteur permet de court-circuiter le transfo de la pompe à eau, mais alors le frigo suce la batterie comme un vampire et si ça dure, l'auto ne démarre plus ! J'ai longtemps caressé l'idée d'équiper notre Adria de panneaux solaires, mais je recule encore devant l'investissement. Vous avez pu voir que nous n'avons pas de toilettes ni de douche dans la caravane, d'ailleurs, y en aurait-il eu que j'aurais démonté ça pour gagner de la place : je ne suis plus tout jeune et j'apprécie le confort des terrains avec douches et WC, et comme ceux-ci offrent pour la plupart la possibilité de se brancher sur le secteur, je vais sans doute renoncer définitivement aux capteurs.

J'ai récemment eu un problème : le gaz de l'amortisseur de freinage a fui par un trou causé par la corrosion. J'ai démonté le timon pour échanger la pièce, mais l'inscription d'identification était partiellement effacée ! La maison Adria, en Slovénie, n'a pas été capable de me renseigner : notre Cassita est trop vieille. Un caravanier rencontré en vacances m'a assuré qu'il fallait choisir un amortisseur à gaz dont la valeur en Newton égale 110 % du PTAC en kg. Le grand spécialiste de l'amortisseur en Suisse, Derendinger, m'a donc fourni un amortisseur Stabilus de 800 N. Sur l'Adria, l'extrémité de la tige de l'amortisseur se fixe sur un manchon taraudé en métrique à pas fin ! J'ai dû acheter une filière de M8×1.0 pour faire le boulot et enfin j'ai remonté le tout. Mais ça n'est pas la bonne solution !!! En cas de freinage un peu sévère, les roues de la caravane se bloquent, les pneus hurlent et les badauds se retournent, effrayés (avez-vous remarqué que ces situations se déroulent toujours alors qu'on traverse un centre-ville un jour de foire ?). Il va falloir que je fasse un nouvel investissement pour un amortisseur de 1000 ou 1200 N. Zut ! Pour faciliter l'inspection visuelle du chassis et détecter rapidement une éventuelle dégradation du bois, je l'ai peint en blanc à la dispersion. En faisant une photo pour cet article, j'ai constaté un petit dégât à l'avant droit que je devrai réparer cet hiver. Dès les premiers jours du printemps, j'envisage aussi de rafraîchir la peinture : quand on nettoie le toit, la couleur s'en va par petites plaques…





En définitive, nous sommes enchantés de notre Adria ! Clin d'œil à mon épouse : une plaque avant de voiture canadienne (ils n'ont pas besoin de numéro à l'avant, semble-t-il), envoyée par mon frère qui réside là-bas. En-dessous du sigle national CH d'origine, le blason de notre commune : Mies.

Nous attendons avec une impatience ravie les week-end de Pâques ou de Pentecôte (en Suisse, nous n'avons pas eu de Raffarin pour nous sucrer le lundi de Pentecôte !) pour reprendre la route avec notre attelage, puis les vacances suivront en fin d'été. En attendant, le contrôle technique va survenir, mais ceci est une autre histoire !


Les Krados : Jean-Pierre et Sylvie