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Islande en caravane

En route vers l'Askja

Récit de voyage en Islande en caravane Eriba et en famille

Récit Islande 2010 – 1ère Partie


Jeudi 22/07


Après notre périple aux iles Féroé ( Les Iles Féroé - Récit de voyage de la Famille Bobtong ), notre voyage se poursuit à bord du Norona vers l’Islande. A 7h le réveil est organisé par Smyril avec une « douceur » toute germanique. Nous montons avec notre barda sur le pont n°5 ou nous déjeunons sur le sol, toutes les tables de la cafétéria étant prises d’assaut. !


Le petit déjeuner avalé nous montons sur le pont n°8 voir l’arrivée sur les côtes islandaises.


Le vent est glacial mais la météo ensoleillée nous permet d’avoir une vue extraordinaire sur les côtes.


Le choc est là et le dépaysement est total. Le long fjord est très coloré, très minéral et couvert d’une végétation rase.




Le village de Seydisfjordur semble perdu au creux de cette immensité.




Le passage en douane se fait sans encombre même si certains véhicules semblent être mis de côté pour une fouille systématique et même un passage au scanner. Nous sommes soulagés d’y échapper car nous sommes loin des quelques kilos de nourritures autorisées et seule la consigne concernant l’absence de produits frais a été strictement respectée.

La montée vers le plateau d’Egilsstadir se fait dans un espace encore minéral derrière un car Tchèque poussif.

Nous faisons nos courses dans la petite ville d’Egilsstadir avec la foule des nouveaux arrivants qui s’empressent de remplir les frigos. Deux banques situées à proximité nous permettent de retirer nos premiers billets en couronnes islandaises (ISK). Nous sommes pressés de fuir cette foule et de retrouver les grands espaces attendus.

Nous prenons la route n°1 vers le sud en direction de Hallormsstadur.


La route suit la côte du lac Lagarfljot dont les eaux de fonte du glacier Vatnajökull sont d’un blanc laiteux.


Nous faisons la pause déjeuner sur une aire de repos équipée de toilettes que nous trouvons encore une fois en très bon état avec papier et savon !


Ce parking est le point de départ d’une courte et agréable balade dans un arborétum verdoyant.


Ce lieu témoigne des efforts faits par les islandais pour essayer de reboiser certaines zones et pour soigner les touristes. Le chemin est revêtu de fragments de bois sur toute sa longueur et donne la sensation de marcher sur de la moquette épaisse. Le chemin mène au bord du lac dont les eaux sont glacées et où on retrouve un décor de cinéma lugubre avec potence et pieux acérés qui mettent mal à l’aise.


Après le repas, nous partons visiter la cascade d’Hengifoss. Elle est situé juste de l’autre côté du lac. Le parking est déjà plein de touristes tous droits débarqués du ferry. La montée se fait sur 2,5km.


A mi-chemin, se trouve une première chute d’eau, Litlanesfoss.


Elle est située au milieu de colonnes de basaltes avec au loin la vue sur la grande chute, Hengifoss.


Malheureusement le chemin barré par la rivière s’arrête 500m avant la chute. Le cadre est superbe et il fait beau.


Un tube planté dans le sol muni d’un couvercle contient une surprise, un petit sac étanche avec un stylo, un tampon et un carnet où chacun est libre d’y laisser un petit mot. Tout le monde signera. Les 2 grands un peu plus motivés, rejoindrons la cascade en escaladant les rochers. Nous prenons le soleil en les attendant et buvons l’eau de la rivière.




Après la descente, nous regardons la route. Le volcan d’Askja est situé au bout d’une piste assez longue. Confiant, nous prenons sa direction qui passe par le sud sur la piste F910. La route grimpe très fort puis arrive sur un plateau désertique couvert de landes et de marais et dominé par les montagnes enneigées.


Nous croisons quelques rares voitures pendant plusieurs kilomètres.


Nous apercevons quelques oiseaux et surtout Pierre remarque des gros animaux au loin : des rennes. Le spectacle de la toundra est complet ! Nous quittons ensuite l’asphalte pour le gravier.


Notre croisons notre premier gué.


Nous allons enfin savoir si notre surélévation est suffisante. Nous chaussons les bottes et traversons à pied pour vérifier la profondeur et le meilleur passage. Nous passons sans problèmes et comme souvent ce sera à la droite dans le sens du courant.


Nous poursuivons notre route dans un paysage de roches volcaniques et de sable.




Une descente vertigineuse, pied sur le frein, nous emmène dans la vallée verte de Hrafnkelsdalur.




Ce nom justifie pleinement la réputation de l’Islande, le pays aux noms imprononçables. Nous finirons même par nous inventer notre propre prononciation pour nous comprendre lorsque nous lisons les cartes !




Nous franchissons notre deuxième gué, un peu plus profond. ouis se fera même surprendre et l’eau passera au dessus de ses bottes.




Cette vallée perdue au milieu d’une zone hostile possède même un petit camping avec une station essence.


Au bout de la vallée, un pont traverse le fleuve « Jokuls a adal » qui charrie une partie des eaux de fonte tumultueuse du glacier.


Le paysage change à nouveau et devient lunaire, du sable, des graviers et des roches volcaniques éparpillées au hasard.




Facile d’imaginer l’explosion volcanique qui a dessinée ce paysage.


Nous profitons d’un petit gué pour nous poser pour la nuit.


La rivière fait un cordon de vert au milieu de ce gris et noir.


Le paysage est grandiose et nous nous sentons vraiment isolés.


Le sol très fragile est mou, juste de petits cailloux semblent flotter en surface.


Nos traces s’impriment fortement et nous sentons la fragilité de ce milieu. Quelques rares fleurs poussent.




Vendredi 23/07


Nous poursuivons toujours sur la F910 en direction d’Askja.


Nous passons deux autres gués.


Puis découvrons encore un nouveau paysage.


La route serpente entre les morceaux de lave.




Le sol est couvert de petits cailloux marron clair et de coulées de lave noires accentuant le contraste.




Martin qui prend un de ces cailloux découvre leur légèreté : c’est de la pierre ponce et elle flotte.


Nous traversons à nouveau un pont passant au-dessus d’une rivière d’eau de fonte. Le tumulte est impressionnant.




Nous apercevons un grand nuage gris au ras du sol.


Askja étant une Caldeira (lac formé dans le creux d’un cratère), nous pensons à de la vapeur. En fait, il s’agit d’un nuage de poussière qui rend le parcours encore plus angoissant.


L’arrivé sur Drekagil, petit camp situé au pied de l’Askja, est fantomatique.


A l’arrivée nous découvrons l’intérieur de l’Eriba en vrac, la porte de la SdB est tombée, de même que le portillon. Nous avons perdu un store avant et le store de la SdB. la poussière c’est infiltrée dans tous les compartiments. Cette poussière volcanique est terriblement abrasive et use tout. Même les bouteilles sont usées. Mais nous ne regrettons pas car les paysages sont vraiment extraordinaires.


Il y a là aussi un petit camping.


Nous y déjeunons.


Nous parcourons ensuite, sans l’Eriba, les 8km qui nous séparent du point de départ de la randonnée dans une coulée de lave récente et immense qui s’étend à perte de vue.




La balade a pied qui part du parking fait 2,5km.


Elle serpente au milieu du cratère (45km²) dans des scories noires ébène parsemées de quelques plaques de neige.


Nous marchons au pas pour accentuer le crissement et le bruit sourd que nous provoquons. La surprise nous attend au bout d’un petit raidillon. Le lac Viti vert amande qui contraste avec le bleu foncé du lac Oskjuvatn.




Nous descendons et découvrons les joies de la baignade dans ce lait de martien, comme dit Martin, à la forte odeur soufrée.




Il fait 15°C dehors mais l’eau est à 30°C et bouillonne par endroit.




Le sol est même parfois brûlant et semblent recouvert d’une couche épaisse de vase.


C’est de la silice d’un vert pâle. Les enfants font les indiens et s’enduisent le visage. Nous écoutons même les bouillonnements la tête sous l’eau.


L’odeur est écœurante, et nous prenons le goûter un peu plus loin mais nous sentons encore le souffre. L’odeur tenace nous suivra jusqu’à notre prochaine douche !

Nous repartons sur la F910 puis la F88 en direction du nord.


Ce sera la partie la plus éprouvante. Nous croisons des véhicules tout droits sorties de Mad Max et montés sur des roues immenses.




Nous allons comprendre bientôt pourquoi. La route sableuse parsemées de gros cailloux polis est en tôle ondulée.




Pour limiter son effet destructeur pour le matériel et le dos, Béatrice qui à connu ça dans son enfance à Madagascar, me conseille de rouler plus vite. A 80km/h l’effet se fait moins sentir mais les sensations sont garanties. Cette route rejoint le parc de l’Herdubreid, cet immense dyke enneigé qui domine toute la région.




La route s’approche d’une grande rivière et nous passons un premier gué proche d’un autre camping à Herdubreidarlindir.


Nous croisons un Allemand avec un vieux Toyota surélevé qui m’indique que le prochain gué situé à 2km est très profond et lui arrive à mi-portière. Cela fait au moins 1m de profondeur ! Il me propose son aide. Un peu gêné de lui faire faire demi-tour, je le remercie et continue seul. Arrivé au pied du gué, il nous rejoint malgré tout et nous propose de nous montrer par où passer. Sa traversée est impressionnante et effectivement le gué fait bien 1m.


J’essaye de trouver le chemin en traversant à pied mais l’eau est glaciale et freine ma recherche. Finalement, il nous conseille d’attendre demain matin car l’eau de fonte se réduit pendant la nuit. Pour le remercier je lui offre une bouteille de vin de Bergerac. C’est décidément une bonne idée d’en emmener pour ce genre de situation.

Pour m’assurer de pouvoir franchir le gué avec le 4x4, je tente la traversée sans la caravane. Je passe mais effectivement l’eau monte à mi-portière.




Nous décidons de bivouaquer. Nous voyons passer un petit 4x4 de touristes Belges qui traverse comme un fou sans faire de repérage et passe de justesse avec de l’eau qui rentre par les portières et passe sur le capot. Un peu plus tard, un autre allemand avec un petit 4x4 Jimmny fait un repérage. En prenant très à droite, il trouve un passage un peu moins profond et tente la traversée avec succès. Cela nous rassure. Nous nous installons pour la nuit. Je mets une pierre pour repérer le niveau d’eau et son évolution. Après le repas, Pierre constate la montée de l’eau. Il est 23h. De gros nuages noirs arrivent et en catastrophe nous décidons de passer coûte que coûte.


Pierre plie la tente de toit en un temps record, Louis et martin montent les cales et nous vidons le maximum de choses de la caravane (tapis de sol, eau, linge sale, etc.) dans la voiture. Nous surélevons sur les banquettes tous ce qui craint. Je fais un premier voyage avec ce chargement, Béatrice et les enfants. Nous vidons en vitesse la voiture au maximum puis je repars chercher l’Eriba.


La traversée se fera avec angoisse mais sans encombre. Tout le monde est soulagé.






A l’arrivée, l’eau dégouline de l’Eriba. A croire qu’elle est pleine d’eau ! En fait, seul le fond et la SdB sont un peu mouillés. Heureusement en prévision j’avais bouché grâce au scotch « magique » le maximum d’entrée d’eau : frigo, aérations de porte, prises 220V, portillon des WC. Seule la soute, peu étanche, c’est remplie d’1cm d’eau.




Nous continuons jusqu’au prochain gué en espérant qu’il soit moins profond. Il le sera et le passage se fera plus facile. Ce sera aussi l’occasion de voir notre premier soleil de minuit.


La route très difficile est couverte de tôle ondulée et délimitée de hauts bas-côtés qui ne permettent pas l’arrêt.


Nous trouvons finalement un bivouac à 2h du matin complètement épuisés après tant d’émotions.

Samedi 24/07


Avec la pénombre islandaise nous n’avions pas vraiment vu notre lieu de bivouac. Nous le découvrons au matin. Nous sommes isolés dans une coulée de lave où l’on voit encore le flux figé en une croute brillante et crénelée.




Martin se repose pendant que la couette sèche.


Quelques véhicules passent dont un bus 4x4 surélevé et un énorme Van tractant une remorque.


Nous repartons sur cette satanée tôle ondulée pour les derniers 30km de piste.


Nous atteignons le point de départ de la piste situé au bord de la route n°1. Nous venons de parcourir plus de 250km de piste. Epuisant mais quelle aventure et quel émerveillement.


Nous repiquons vers le nord en direction des plus grandes chutes d’eau d’Europe, Detifoss.




Après quelques kilomètres d’asphaltes reposants, nous reprenons la piste 864 pendant 30km. Cette fois-ci il n’y a presque plus de tôle ondulée. La piste étant accessible à tous véhicules, le trafic est plus dense. Nous suivrons même un bus qui dégage une poussière énorme. Heureusement il nous laisse passer. Le parking d’accès est complet, nous nous posterons un peu plus haut pour y déjeuner.


La balade vers Detifoss est courte et nous sentons rapidement les embruns.


Cette chute formée par les eaux de fonte du glacier est bruyante. Nous ressentons toute sa puissance.


Elle s’engouffre dans un canyon de toute beauté.


Un peu plus au sud, à 30mn de marche, une autre chute en fer à cheval, Selfoss, est encore plus impressionnante et superbe.


Sur la route toujours plus au Nord, une autre petite chute, Hafragilsfoss, offre une autre belle vue sur le canyon.


Au bout de la piste 864, Asbyrgi sera l’occasion d’une pose et de se débarasser de la poussière qui nous suit depuis notre arrivée.