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Suisse : pour préparer ses vacances

Au centre de l’Europe, sans toutefois en faire partie (!), la Suisse est une intéressante destination touristique.

 

Pour illustrer ce qu’est la Suisse, une petite plaisanterie : les Japonais, peuple fort éloigné géographiquement des Helvètes, s’imaginent qu’il existe en Suisse une ville dont le nom en français est "Lausanne", en allemand "Luzern" (Lucerne) et en italien "Lugano" !

Evidemment, il s’agit de trois villes différentes, mais cette blague met en lumière une vérité peu banale : sur ce territoire de quelques 41000 km2, soit 13 fois plus petit que la France, on parle quatre langues !
La majorité des Suisses s’expriment en diverses versions du "schwytzertütch", une forme ancienne de la langue allemande, un tiers utilisent un français émaillé d’expressions locales parfois savoureuses, dix pour cent parlent l’italien (dans le canton du Tessin, au sud des Alpes) et une petite minorité le romanche, langue originale des habitants des hautes vallées de l’est des Alpes suisses (voir http://www.rtr.ch).
Les billets de banque, par exemple, sont libellés en quatre langues, les produits d’épicerie en trois. Le voyageur constatera qu’il faut parler français en Romandie (la zone francophone), mais qu'en Suisse-allemande beaucoup lui répondront en français eux aussi. L’inverse n’est pas vrai pour le voyageur germanophone en Romandie : s’il ne parle pas français, il lui faudra essayer de se faire comprendre en anglais ou bien avec les mains !…
 

Un peu d’histoire :

L’origine de la Suisse remonte à 1291, première alliance contre l’empereur germanique Maximilien conclue entre les montagnards des vallées du centre des Alpes. Le début de l’histoire du pays est marquée par diverses batailles contre le géant voisin germanique : Morgarten, Sempach, Näfels sont autant de victoires remportées par un petit peuple déterminé et bagarreur, avantagé par sa connaissance du terrain très accidenté qui est le sien.

Au XVIe siècle, la situation politique se stabilise, la Suisse a grandi territorialement, atteignant les deux tiers de sa superficie actuelle, peuplée exclusivement de germanophones. L’esprit helvétique combattant s’exporte et on voit ainsi, par exemple, les mercenaires suisses affronter les Français de François Ier à Marignan. Plus tard, d’autres Suisses constitueront la garde du roi Louis XVI, comme celle du Pape. La Réforme apportera à ce pays agraire peu peuplé un important afflux de familles protestantes chassées de France par les guerres de religion. Ces gens seront à la base d’un essor industriel (horlogerie, filatures, joaillerie), commercial (banques) et de la diversité linguistique. Les guerres napoléoniennes vont bouleverser la politique suisse, des territoires arrachés par les armées de l’Empire aux Autrichiens finiront aux mains des Suisses, ainsi Genève, la principauté de Neuchâtel, la vallée du haut-Rhône, la plaine du Tessin et l’actuel nord-est du pays (Thurgau) entreront dans la Confédération. La Suisse est donc actuellement formée de 26 cantons dont la cohésion n’est pas évidente et l’esprit d’indépendance, par conséquent, très fort (chaque canton possède son corps législatif et son pouvoir exécutif, le Gouvernement fédéral de Berne se réservant les finances centrales, les transports, l’énergie, les forces armées et les affaires étrangères). Cette identité nationale est ainsi quelque part un peu fragile, ce qui explique peut-être que de nombreux Suisses, par réaction, craignent d’entrer dans une Europe où le nationalisme helvétique pourrait se diluer et disparaître. Si ça n’est pas flagrant pour les italophones, les francophones sont, eux, franchement tournés vers la France voisine (même s’ils s’en défendent souvent !), tandis que les germanophones regardent vers Berlin (ce qu’ils firent si inélégamment durant la deuxième guerre mondiale).

 

Un peu de géographie :

La Suisse est un pays de montagnes (image d’Epinal : le Suisse trait sa vache et vit heureux !) entouré de frontières naturelles.
A l’ouest, le Jura s’étend de Genève jusqu’à Bâle. Au nord, le Rhin, au nord-est le lac de Constance (Bodensee). L’est et le sud sont occupés par le massif alpin. Enfin, le sud-ouest est bordé par le lac (pour les Genevois : lac de Genève, pour les autres : Léman – ce qui signifie simplement "lac" en dialecte gallo-grec).
Entre le Jura et les Alpes, un plateau s’étend du lac de Genève jusqu’au Rhin : on y trouve les principales villes de Suisse, citons : Genève, Lausanne, Neuchâtel, Fribourg (qui sont francophones), Berne (Bern), Soleure (Solothurn), Aarau, Bâle (Basel), Zurich, Saint-Gall (Sankt-Gallen) qui sont germanophones. Le Jura compte quelques villes francophones : La Chaux-de-Fonds, Delémont, Porrentruy. Les vallées alpines abritent quelques villes importantes : Sion (francophone), Lucerne (Luzern) et Thoune (Thun), ainsi que Coire (Chur) le chef-lieu romanche.
Enfin, au sud des Alpes, Locarno, Lugano et Bellinzona sont les petites villes italophones. Cette variété topographique induit une large palette de paysages bien différents les uns des autres, une diversité somme toute rare pour un territoire aussi petit. La distance Bâle-Lugano, plus courte à vol d’oiseau que Paris-Dijon vous fera découvrir une étonnante succession de panoramas originaux. Bâle et sa vieille ville au bord du Rhin, suivie d’une campagne tranquille, arborisée, avec quelques aspects alsaciens, Olten, nœud ferroviaire, ville industrielle, puis les reliefs encore doux des Préalpes, le lac de Sempach.

Ensuite les Alpes, les sapins, mélèzes et autres résineux, d’abord Lucerne et le lac des Quatres-Cantons (Vierwaldstaettersee), les curieuses montagnes du Pilate et du Rigi, puis Altdorf, les hauts sommets des Alpes, la vallée encaissée de la Reuss, un relief acéré, le défilé de Goeschenen et ses ponts fameux, une végétation chétive et clairsemée, mais ornée de joyaux floraux comme l’Edelweiss.



Les grands cols : l’Oberalp, la Furka et le Gothard (avec la caravane, on devra préférer le tunnel, malheureusement) et la redescente par la vallée du Tessin s’ouvrant sur une plaine quasi méditerranéenne.

En décrivant cela, je passe sous silence d’autres régions : le Valais, accessible depuis Genève, puis Lausanne, le long du lac puis du Rhône, en cotoyant successivement les Dents du Midi, les Diablerets, le Mont-Blanc, le Cervin et jusqu’à la Jungfrau. J’ignore les alentours du lac de Constance, le canton d’Appenzell et ses minuscules villages faisant irrésistiblement penser à une maquette ferroviaire. Je devrais parler du Jura, pas celui de Besançon ou de Montbéliard, mais le vrai, accentué, haut, parfois abrupt, froid et enneigé en hiver mais si accueillant l’été. Enfin je vous dirais les Grisons, là-haut tout à l’est, chez les Romanches où les montagnes s’appellent des Piz, le Praetigau et l’Engadine, avec son Parc National qui, ayant l’avantage d’être probablement le premier créé en Europe (en 1914 !), a gardé intact son caractère sauvage, ses gentianes et ses marmottes.

 

Les ressources :

Les Suisses n’ont ni pétrole, ni charbon, ni fer : les seules mines du pays donnent du sel. Il y a du gaz naturel sous le lac de Genève mais son extraction coûterait trop cher. Le Jura produit des montres, de la mécanique fine, des chevaux. Les Alpes : le lait, le fromage, l’élevage bovin et les curiosités touristiques. Le Tessin offre la Grappa et des résidences d’été aux Suisses-allemands. Enfin le Plateau, outre les rivalités linguistiques qu’il produit à foison, donne des fruits, des légumes, de la betterave sucrière, du tabac et diverses écoles de bonne réputation. Les grandes chaînes de supermarchés sont Coop, Denner et Migros, mais les produits du terroir se trouvent plus facilement dans les petites épiceries.

Des vignobles du littoral des lacs, de la plaine du Tessin et de la vallée du Rhône, on tire des vins savoureux : le Valais, de sa position d’isolement de vallée encaissée, a gardé d’antiques cépages datant pour certains de l’occupation romaine. Pour les blancs : le Payen, la Petite Arvine, l’Humagne, le Chenin blanc, la Rèze (ou vin du Glacier) et l’Amigne qui rivalise avec les meilleurs Sauternes.
Pour les rouges : le Cornalin, l’Humagne Rouge, le Rouge du Grand Brûlé. Notons encore la Dôle, un assemblage de pinot noir et de gamay, qui s’appelle Goron quand sa teneur en degrés Oechslé est insuffisante, et enfin le Chasselas qui donne un vin blanc sec qu’on appelle Perlan à Genève, Dorin sur Vaud et Fendant en Valais. La viticulture suisse a gagné en excellence ces dernières décennies avec de nouveaux cépages issus de croisements : Gamaret, Garanoir, Diolinoir pour les rouges, Charmont et Doral pour les blancs.
Pour la bonne bouche, ajoutons les spécialités culinaires : la longeole, à Genève, une saucisse au foie, la saucisse au choux vaudoise qu’on déguste avec une potée de pommes de terre et poireaux mélangés : le papet vaudois, la raclette valaisanne : une demi-meule de Bagnes (fromage valaisan) disposée sur une ardoise devant le feu pour faire fondre la tranche sur une profondeur d’un demi-centimètre et qui est ensuite râclée au-dessus de l’assiette,

la fondue fribourgeoise, moitié Gruyère, moitié Vacherin, la torée du Jura Neuchâtelois, un saucisson cuit lentement sous la braise, le roesti alémanique, plat de pommes de terre émincées et frites à la poële avec des oignons, la Berner Platte : jarret de veau, saucisses, lard, pommes de terre et haricots secs, le laeckerli bâlois, gâteau sec, dur sous la dent, aux fruits secs et aux épices, la viande séchée des Grisons, viande de bœuf, de cheval ou de chamois (mais ça faut pas le dire : c’est interdit ! l’animal est protégé) salée et séchée longuement, puis coupée en fines tranches translucides, le salami du Tessin, un saucisson sec épicé…
Cette cuisine n’est certainement pas la plus délicate qui soit (je n’oublie pas que je parle à des Français !), mais elle rassasie et réjouit à merveille le touriste qui a crapahuté tout le jour sur un flanc de montagne.

 

Le caravaning en Suisse :

Le touriste européen qui entre en Suisse doit être muni d’une carte d’identité, d’un carnet de vaccination à jour pour ses animaux domestiques, s’il en a, et de la carte grise de son ou ses véhicules.
A la douane, on lui proposera l’achat d’une vignette coûtant 40 CHF (environ 33 €) par véhicule (oui, il en faut une pour la caravane !) lui permettant la libre circulation sur les autoroutes suisses jusqu'à janvier de l'année suivante. La vitesse d’un attelage sur autoroute est limitée à 80 km/h, mais n’est pas respectée par les usagers. Pour ma part, soit avec ma caravane, soit avec ma remorque, je roule à 100 sur l’autoroute, et les policiers qui me dépassent m’ignorent superbement. Attention toutefois : l’attelage qui dépasse 120 km/h sera "flashé" par les radars et les pandores appliqueront le tarif suivant : une vitesse excessive de 130 km/h correspond à un dépassement de 50 km/h (130 – 80 !) de la vitesse autorisée, donc le permis de conduire du coupable sera transformé en confettis (je veux dire : retiré séance tenante) !

Le réseau routier du plateau suisse est comparable au réseau français à ceci près que les routes ordinaires (limitées à 80 km/h) sont signalées en bleu et les autoroutes en vert. Les routes de montagne sont souvent accessibles aux caravanes, surtout celles qui sont désignées comme "routes postales" par un signal rond montrant un cor doré sur fond noir.

En Suisse, nous avons une institution : l’autobus postal. (Voir et écouter ce lien : http://media10.simplex.tv/content/36/37/348/ ) Ces cars sillonent les routes alpines presque comme des mulets, mais on a adapté la largeur des voies à leur gabarit, et donc on trouve des routes assez larges même dans des lieux très retirés. Ne pas oublier cependant que le car postal est prioritaire en montagne et qu’en cas de croisement impossible, il exigera que le caravanier recule jusqu’au premier évitement qui se présente. Il faut donc se renseigner sur l’heure de passage du car si on circule sur des itinéraires sinueux ou à flanc de falaise.

Une autre institution suisse est le TCS, ou Touring Club de Suisse (http://www.tcs.ch et No de téléphone : 140). Ils ont une flotte très nombreuse de dépanneurs fort compétents et serviables. A mon sens, un touriste étranger doit absolument se renseigner avant le départ pour choisir une assurance de voyage ayant passé des accords avec le TCS. Par exemple, l’éclatement d’une durite de refroidissement sur un attelage engagé sur une route de Haute-Engadine peut être fatal à celui qui ne peut pas recourir au TCS. Point important, le TCS gère un bon nombre de terrains de camping sur le territoire suisse : ils sont accueillants pour les caravaniers et sont bien tenus même si certains ne proposent qu’un confort sommaire.

Le camping sauvage est possible mais pas partout : fréquemment les champs sont clôturés. Beaucoup de communes ont créé des points d’arrêt avec eau, électricité gratuite et fosse de vidange mais ces points sont surveillés : gare au campeur qui gaspille l’eau en montagne ou qui abandonne ses déchets en quittant sa place. Dans les endroits retirés d’altitude, il n’est pas toujours possible de trouver de l’eau propre, et l’usage d’un filtre à eau (genre Katadyn) peut rendre service.
Les montagnards suisses sont assez accueillants mais se vexeront vite si vous refusez ce qu’ils vous offrent : acceptez toujours de déguster le pain, le fromage, la viande séchée ou le verre de vin. Félicitez-les pour la beauté de leur coin de montagne et ils seront ravis !
Avant le départ, assurez-vous que votre téléphone portable (en Suisse, ça s’appelle un "natel") vous donne accès au réseau Swisscom, Sunrise ou Orange, sinon vous trouverez des cabines de téléphone fixe un peu partout même en montagne, mais elles tendent toutefois à disparaître peu à peu.



Il me reste à souhaiter un bon voyage à toutes celles et ceux qui tenteront l’aventure. Pour ma part, je passe il est vrai toutes mes vacances avec ma tendre épouse sur territoire français, et on peut s’étonner que j’ose conseiller des vacances en Suisse : j’ai, sous l’habit militaire, visité de nombreux coins de Suisse, et si j’ai enragé sous la stupide hiérarchie d’une armée insignifiante qui se croit la meilleure du monde, j’ai en revanche apprécié sans lassitude ces paysages toujours admirables.

La plupart des photos ne sont pas tirées de nos archives. Je remercie le TCS, la Poste, l'Office du Tourisme suisse, la Chambre valaisanne d'agriculture et mes amis.

Jean-Pierre

Krado