Tchéquie : récit de voyage - 2009
Voyage en caravane Eriba en Europe de l'Est.
2ème partie : la république Tchèque.
L'itinéraire nous fera découvrir : Prague, Telc, Kromériz, Zlin, Stramberk et Koprivnice.
Par contre, nous n’évitons pas la pluie pour plier l’auvent ! Nous réglons les 150€ pour les 5 nuits et nous prenons la route pour Prague. La route traverse les grandes plaines de l’Allemagne puis en se rapprochant de la Tchéquie apparaissent les forêts et les vallons.
Le passage de la frontière se fait sans encombre mais avec le sentiment de s’être fait arnaqués. En effet, en Tchéquie, il y a une vignette autoroutière. A la dernière station avant la frontière il est possible d’acheter cette vignette en euros pour 7,5€. Malheureusement, le vendeur ne sachant pas si avec la caravane la vignette est différente nous attendons la frontière pour faire cet achat. A la frontière des grands panneaux nous dirigent vers un bureau de vente et pas de DAB en vue pour retirer des couronnes Tchèques. Le vendeur pas plus au courant que celui d’Allemagne et nettement moins aimable nous fait payer cette même vignette 13€ en pratiquant un taux de change prohibitif.
L’idée d’arriver à Prague un dimanche est la bonne. La traversée de la ville nous pose quelques soucis et le GPS a du mal à se retrouver parmi les nombreux chantiers. Heureusement que nous sommes dimanche car nous passons presque au centre ville ! Nous trouvons un « autocamp » dans le quartier de Trojska situé sur la route du Zoo. La rue du même nom est jalonnée de plusieurs de ces petits campings aménagés dans les jardins de particuliers. Ceux du GR étant complets nous allons au « Camp Fremunt ».
Ce petit camping nous semble déjà bien rempli mais nous verrons vite que le propriétaire est plein de ressources pour trouver de la place. Nous finirons entassés les uns sur les autres mais l’ambiance est sympathique et très cosmopolite contrairement à ce que nous rencontrerons par la suite. Les sanitaires sont un peu justes mais très bien tenus. Nous improvisons un langage germano-british avec le propriétaire qui malgré un contact froid (comme souvent en Tchéquie) s’avère très serviable. Nous avons payé à 5 avec une grosse voiture (c’est plus cher !) 630Kc/jour (24,50€).
Le point le plus intéressant est la proximité immédiate des trams 17 et 14 qui nous emmènent directement au centre ville en 20 mn. Des plans du réseau sont disponibles au camping. Par contre, les tickets ne s’y achètent pas, pas plus que dans le tram et il y a peu de bornes automatiques. Du camping, le mieux est d’aller au Zoo situé à 2 km où se trouve un DAB et une borne (18Kc pour les adultes et 9Kc pour les enfants).
Notre première journée est consacrée à la découverte de la ville. Le temps s’y prête et les 24°C sont très agréables. La ville est à taille humaine et le centre peut être parcouru assez facilement à pied à l’exception des quartiers « Mala Strana » et « Hradcany » où se trouve le château.
Nous arrivons par le côté Est de la ville où la tour médiévale de la poudrière contraste de façon saisissante avec la « maison municipale » de style art déco.
Malheureusement ce bâtiment décoré par Mucha
qui sert de théâtre est partiellement fermé pour 4 jours !
La rue piétonne qui s’ouvre derrière la tour mène directement à la grande place qui est noire de monde.
Les bâtiments l’entourant sont superbes et ici encore le mélange des genres architecturaux est très réussi.
En son centre se trouve l’horloge astronomique, clou de la visite. Très richement décorée elle s’anime toutes les heures mais devient alors difficilement approchable !
Pour le repas, nous suivons le GR. Le restaurant Architectura est situé dans une cave et l’ambiance assez chic. Finalement, la première bonne surprise est le prix. Très raisonnable, il nous permettra de manger très régulièrement au restaurant pour moins de 5€ par personne, boisson comprise.
L’après-midi, Béatrice insiste pour faire un tour en voiture ancienne. Nous choisissons une torpédo « Praha » de 1938.
Originale, cette balade est très adaptée à l’ambiance belle époque de Prague et permet de découvrir de façon agréable et pour pas trop cher (1200Kc soit 45€) en 45mn tous les quartiers.
Une des particularités de Prague est d’avoir un très ancien et très beau quartier juif. Ce quartier assez calme est parsemé de magnifiques édifices « art nouveau »
et de nombreuses synagogues.
Nous prenons le ticket combiné qui permet de visiter 4 des 5 synagogues et surtout le vieux cimetière juif.
Entouré de hauts murs, ce lieu donne la sensation d’être en dehors de la ville, loin de son animation. Beaucoup d’émotion se dégage de toutes ces tombes enchevêtrées au milieu de la verdure.
77000 personnes sont enterrées là en plusieurs couches sur plusieurs mètres dont on réalise l’épaisseur une fois à l’extérieur.
Les expositions présentent dans les différentes synagogues sont là pour se souvenir de ce passé. A la synagogue Pinkas, les dessins des enfants juifs internés dans le camp de Terezin sont très émouvants. Le billet étant valable sur deux jours nous finirons le lendemain par la visite de la synagogue Espagnole. Probablement la plus belle des 4, elle est toute en dorure et décor de stucs qui nous rappelle d’autres monuments mauresques d’Andalousie.
Nous nous baladons ensuite le nez en l’air en admirant les très nombreux immeubles à l’architecture art nouveau richement ornés
et une statue dressée en hommage à Franz Kafka.
Une des plus belles concentrations de ces bâtiments se situe dans la rue de Paris dont les rez-de-chaussée sont réservés aux boutiques chics et aux parkings de voitures dont certains propriétaires peuvent avoir quelques surprises !
Le lendemain matin, nous nous réveillons encore une fois sous la pluie. Heureusement cela dure rarement longtemps et nous permet de repartir vers Prague. Cette fois-ci nous nous dirigeons par le tram 17 vers le célèbre « Pont Charles ».
La foule est au rendez-vous. La porte côté « Stare Mesto » est superbe, richement décorée, elle nous rappelle la tour de la poudrière.
La traversée de ce pont nous offre une vue superbe sur la cathédrale et la rivière Vltava.
Les nombreuses statues qui ornent ses bords et qui ont fait sa réputation sont baroques au style chargé et malheureusement partiellement recouvertes pour restauration.
De nombreux vendeurs sont installés et des musiciens des rues viennent chercher quelques sous. La balade est malgré tout agréable.
L’arrivée sur le quartier « Mala strana » passe également par une très belle porte d’où nous distinguons en contre bas sur l’île Kampa un petit marché français. Eh oui, nous sommes le 14 juillet, jour de notre fête nationale.
Passés la porte, on débouche sur une rue du quartier Mala Strana où la première sensation est d’être revenus quelques siècles en arrière, à l’époque de Mozart.
Cette sensation est confirmée quand nous visitons la cathédrale Saint-Nicolas où la folie du baroque, du stuc et des dorures semble être à son apogée, et s’approche plus d’une bonbonnière que d’un lieu de recueillement.
La fresque qui orne le plafond est un trompe l’œil très réussi, elle donne une sensation de profondeur alors que dès que l’on s’en approche tous les personnages si grandioses vus du bas deviennent difformes. Un véritable exploit technique.
Ce quartier très touristique est parsemé de petits restaurants. A l’angle de la rue Tomasska et Letenska,
nous prenons notre déjeuner avec un menu du jour à 119Kc (4,60€) comprenant une excellent soupe goulasch, un burger frit et des pommes de terre. Nous y retournerons le jour suivant mais pas pour le service ni l’accueil comme souvent dans les restaurants en Tchéquie.
Nous repartons vers le centre en faisant un petit crochet par le jardin Wallenstein pour se reposer un peu. Quelques paons et pigeons et une drôle de cage à hibou décorée en sculptures de béton façon « crottes de bique » font la joie des enfants.
Nous nous rendons ensuite sur la place Vancelas où des pages importantes de l’histoire de la Tchéquie ont été tournées : le printemps de Prague et l’indépendance.
Située dans la partie ouest du quartier « Nove Mesto », c’est une grande avenue légèrement en pente, dominée par un énorme bâtiment Néo-renaissance au pied duquel passe une autoroute (sic). Elle est bordée de bâtiments « art nouveau » et « art déco » qui valent le coup d’œil.
Au n°30 de la rue Vodickova, se trouve notre immeuble « art nouveau » préféré, il est couvert de grenouilles et de détails amusants.
Juste en face, un excellent glacier nous permettra de récupérer un peu des kilomètres parcourus ce jour-là.
Pour notre dernier jour à Prague, nous avons au programme la visite du château royal dont la masse imposante domine la ville. Le réveil se fera tôt grâce à un « charmant » campeur qui a eu l’idée de laisser l’alarme de sa voiture en fonction. Malgré une pluie battante, nous partons par les trams 17 puis 18.
Nous arrivons relativement tôt et nous avons peu d’attente au guichet. Nous prendrons la « petite visite » qui permet de voir l’essentiel sans imposer les éternelles pinacothèques qui épuisent même les plus volontaires des enfants. C’est 300Kc (12€) pour toute la famille.
La Basilique Saint-Georges impressionne par sa façade baroque rouge qui contraste avec la sobriété romane de son intérieur.
La ruelle d’or que l’on voit sur plein de cartes postales ravis les hordes de japonais.
Par chance, nous réussirons à voir la maison de Kafka tranquillement entre deux hordes ! Cette petite rue semble nous plonger dans « la rue de traverse » chère à Harry Potter. A l’étage se trouve une longue galerie poussiéreuse où sont exposés quelques costumes et armes et une salle des tortures qui vue l’état semble être laissées en l’état depuis le moyen-âge…
A 12h, c’est l’heure de la relève de la garde. Il suffit de suivre le mouvement de foule. Cette fois-ci ce sera sans musique.
Après le repas, le soleil est enfin de retour, nous en profitons pour visiter la cathédrale Saint-Guy.
Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée et l’attente est un peu longue. Une fois à l’intérieur, l’impression de grandeur est saisissante. Béatrice repère tout de suite certains vitraux qui s’avèrent être ceux réalisés par Mucha. Pour une raison inconnue, les parties les plus belles et les plus intéressantes de la cathédrale restent fermées au public…
Nous finissons par la visite de l’ancien château royal qui commence par une très grande salle gothique, véritable salle de bal avec ses colonnes torsadées
et ses poignées de portes du plus bel effet.
A la sortie du château, par la cour première on découvre une grande place avec un très beau point de vue.
Nous allons ensuite flâner dans le quartier Hradcany qui entoure le château. Encore une fois nous avons l’impression de pouvoir y croiser Mozart. Nous profitons de la fin de journée pour nous régaler encore d’une glace et faire quelques achats souvenirs.
Pierre choisira une des grandes spécialités de la ville, une marionnette dans une boutique rue Jilskà qui est un vrai régal pour les yeux.
Nous quittons Prague sans encombre et prenons la direction de Telc sous le soleil. En arrivant, la bonne nouvelle est que nous trouvons un parking spécial caravane à 20Kc/heure. Nous serons rejoints par un autre attelage hollandais « petite sœur » du notre (Triton et Xtrail).
Nous arrivons sur la place principale par le petit côté.
L’alignement des maisons baroques à grand fronton dominé par une grande église à bulbe est saisissant.
Nous comprenons pourquoi la ville est classée patrimoine mondial par l’Unesco. Nous choisissons un restaurant au bout de la place. Mauvaise pioche. La cuisine est à la hauteur de l’accueil et du service : inexistant et lent.
Le temps de parking terminé nous repartons direction la Moravie à l’Est.
Après 185km d’autoroute épuisante en plaque de béton, nous nous mettons à la recherche d’un camping signalé sur la carte Michelin dans la région de Zlin. En vain. Après avoir demandé notre chemin, nous finissons à Velehrad près d’un magnifique monastère.
Le camping est plutôt rustique du type semi-sauvage mais les douches un peu glauques sont chaudes et gratuites. Un vrai camping sorti tout droit des années 50.
Nous paierons 1000Kc pour 3 nuits et deux lessives à 5 sans électricité (38,50€)
Lien
Fatigués de la journée, nous dînons à la taverne pour 200Kc (8€) à 5. Malheureusement, la qualité ne nous réconcilie pas avec la gastronomie Tchèque. Il faut dire que nous avons commandé au hasard car bien sûr rien n’est traduit et le gérant nous a confirmé avec un grand sourire qu’il parlait parfaitement le Tchèque !
Le lendemain est consacré au repos. Le camping est très calme et nous sommes deux clients sur 2 hectares.
Nous regardons avec curiosité les nombreux cyclistes qui s’arrêtent au camping dès 8h du matin pour prendre leur demi-litre de bière. Ils repartent ensuite faire quelques kilomètres sur les nombreuses pistes cyclables qui sillonnent la région pour revenir un peu plus tard refaire le plein…
Le soir au couché du soleil, nous allons voir le monastère des moines blancs où nous assistons à une messe en Tchèque avec les grandes orgues !
L’intérieur comme l’extérieur sont superbes.
Ce site qui n’est pas indiqué sur le GR est pourtant un de nos plus beaux souvenirs de Tchéquie.
Le soir comme souvent en Tchéquie, nous faisons un feu de bois sur notre emplacement. C’est l’occasion de griller quelques saucisses et de faire une veillée au milieu des moustiques.
Kromériz situé à quelques kilomètres du camping est une destination sympathique. Le centre-ville est largement occupé par un grand château
entouré d’un très beau jardin à la française ou certains parterres sont bien fleuris.
Les enfants étant fatigués des visites, nous nous contentons de voir la cour intérieure du château et nous cherchons un autre jardin « le jardin des fleurs ». Mal indiqué, après avoir un peu tourné, nous finissons par découvrir que les indications sont incrustées dans les trottoirs.
Ce « jardin des fleurs » porte assez mal son nom et n’est plus que le reflet de son passé.
Malgré tout, c’est une balade agréable et reposante où les perspectives créées par les grandes haies sont très réussies.
Le jardin est agrémenté d’une belle colonnade dont les statues nous paraissent grotesques
et d’une rotonde richement décorée où une des salles est couverte de galets du sol au plafond. Un peu chargé comme style mais fait pour durer !
De façon étonnante, nous sommes samedi après-midi et la ville est déserte. Nous assistons à un mariage dont l’équipage et la décoration de la voiture sont réduits au strict minimum.
Tous les magasins sont fermés ou presque.
Nous avons même du mal à trouver un glacier ouvert. Nous nous dirigeons alors vers la ville de Zlin et son impressionnant complexe des usines Bata, la grande marque de chaussure. En chemin, nous en profitons pour faire un détour par Rymice et son petit écomusée où on trouve un très grand moulin en bois
ainsi que quelques jolies maisons au toit de chaume.
Sous une pluie diluvienne et glaciale, nous ratons de peu la visite du musée de la chaussure mais heureusement le premier gratte-ciel du pays construit par l’industriel Bata en 1930 est ouvert.
Outre un petit musée gratuit et très intéressant sur ce glorieux passé, le haut de ce bâtiment offre une très belle vue sur le complexe Bata avec sa salle de sport, son cinéma,
ses cités tout confort (eau, gaz, électricité),
ses usines climatisées (une première à l’époque),
son étonnant ascenseur bureau
et même un rail qui parcourt le long du bâtiment pour l’entretien et le transport des marchandises.
Le lendemain c’est le départ et malgré le terrain détrempé
le Land Cruiser sort l’Eriba sans encombre direction Stramberk. La route qui serpente dans les collines de la Moravie est bordée de pommiers, cerisiers, poiriers et même quelques abricotiers. Cela nous change des platanes français et Pierre en salive !
Stramberk est un jolie village de montagne avec quelques belles maisons en bois qui s’avèreront être celles typiques de la Slovaquie.
Nous profitons de la pause déjeuner pour goûter la spécialité du village : les « oreilles de Stramberk ». C’est une galette fine de pain d’épice roulée en cornet et remplie de chantilly et de confiture de myrtille, un régal. Nous les achetons dans une petite boutique située en haut de la place où elles sont fabriquées sur place.
En repartant nous découvrons l’ingéniosité des tchèques pour fabriquer une serre avec peu de moyens !
Ensuite direction Koprivnice où se trouve le musée très didactique des véhicules Tatra.
Très bien agencé, ce musée n’est pas trop chargé et présente de beaux modèles dont les fameuses aérodynamiques,
les camions du rallye Dakar, impressionnants
ou des camions ancêtres des CC
Il possède également une voiture des neiges digne de James Bond
et une voiture sur rail capable de faire demi-tour sur elle-même par un astucieux système.
Ce sera notre dernière visite en Tchéquie. Nous prenons la route pour la Slovaquie.
par Bobtong