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Halloween dans le Berry Sorcier

Pour ceux qui ne nous connaissent pas : Nous avons trois enfants sublimissimes de six à douze ans, et une "Madame Jeanne Torenu" alias : une caravane La Bohème de 1985, six places et double essieu baptisée d'un nom Gitan par nos enfants...

 

Le tout tracté par notre Chrysler. Voyager de 1997, lui-même baptisé " Monsieur Sauman Choupette" par les mêmes enfants, ne nous demandez pas pourquoi.

... Et nous sommes des accros du caravaning par tous les temps, aussi, pour Halloween et pour fêter nos retrouvailles avec notre vieille dame, ainsi que le dénichage d'un providentiel gardien pour nos chats à la maison, nous avions décidé d'aller nous poser une semaine en Berry, pour passer dans un pays vraiment sorcier une digne veillée de Samain, en vrais Celtes que nous sommes.

Nous voilà donc partis, cahin caha, sur les nationales Françaises au pas de loup :

On a bien un antilacets, mais aucune expérience et la trouille de rouler trop vite au point de voir divorcer dans la haine Madame Torenu et Monsieur Choupette.
Passé Orléans, les routes se font plus vertes, et la forêt Solognote nous ouvre ses bras sombres : Nous roulons à la tombée de la nuit, et l'entre chien et loup pour les parisiens que nous sommes a un petit côté dangereux qui excite pas mal les enfants à l'arrière : Je vous épargne les "quand est-ce qu'on arrive à la ferme bio Maman?" et les "et là, on est perdus, ou pas ?" ou les "est-ce qu'il y a encore des loups, dans cette forêt ?" sur les chemins de notre beau pays boisé, quasi déserts à l'exception des rares malchanceux que la pluie a surpris dehors, avec votre mari qui ne veut surtout pas demander son chemin, vous connaissez je suppose?
Enfin, nous arrivons, après quelques tâtonnements Berrichons et deux demi-tours amusants sur des routes plus étroites que le pucelage de Marie-Antoinette- Nous arrivons disais-je, à la si bucolique Ferme Biologique de Saute Moutons, à Tigy. Il est 20h40, le fermier nous accueille sous la pluie dans le terrain de camping derrière sa ferme, où sont installées à l'année quelque quinze caravanes apparemment pas toutes habitées...

"Voilà c'est là !" dit-il et il nous laisse généreusement sa lampe de poche, pour retourner immédiatement dans ses pénates chauffées, le coquin.

Vincent, ravi, sort seul pour dételer pendant que je contiens à grand peine l'impatience enfantine dans le noir impressionnant de l'endroit : ils dorment tous, dans ce camping sans éclairage apparemment, et je me rappelle soudain que la fermière m'avait expliqué que ses ouvriers avaient choisi de dormir sur le camping à l'année. A la ferme on se lève tôt, et donc...

Au bout d'un quart d'heure d'efforts, trempé et passablement glacé, mon Vincent revient à la voiture, piteux. Je lui offre une clope, et un joli sourire.
"J'y arrive pas", qu'il dit.
"Maman elle dit que c'est les trains qui arrivent et qu'on doit pas dire..."
"Silence, ou je vous envoie jouer dehors, vous trois!"
"Ouais, ce serait cool !"

Foin de mon arthrose, j'avale vite fait une dose de morphine, et contre l'avis du chef de famille, je vais voir l'ampleur du problème avec la lampe du fermier, un outil espiègle dont le monsieur a oublié de nous dire qu'il doit être secoué de bas en haut toutes les vingt secondes pour offrir sa capricieuse (et avare) lumière jaune pâle... Le chemin en goudron où nous sommes arrêtés est tout bosselé, et l'emplacement présente un dénivelé de trente bons centimètres en forme de marche d'escalier avec icelui. Boueuse, la marche, et je manque m'étaler.

"Super".

Les deux pieds dans la boue grasse du Berry (bienvenue à la ferme) je jette un coup d'oeil dans la direction de la maison du fermier, où brille une petite lumière, sans doute la chambre à coucher... Y en a qui ont de la veine.

Nous enfermons nos trois lutins dans la voiture, nez écrasés aux vitres, et entamons la lutte avec Madame Torenu qui, sans doute furax d'avoir été dételée de son bien aimé Monsieur Choupette, ne veut pas du tout se laisser pousser dans son logement... Une demi heure et plusieurs ruses de Sioux plus tard, Madame Torenu a définitivement perdu ses poignées qui ne tenaient à ses flancs que par coquetterie faut croire, mais :

"On l'a eue !" gueule Vincent entre ses crocs tout en coupant le contact du Chrysler qui vient de forcer notre belle à enjamber la marche sur mon conseil (avec quand même un petit "CLONG!") et il ajoute :

"Demain à la première heure, je vais acheter une rallonge pour l' électricité."

J'adore mon Mari. Il a toujours cette étonnante façon non négative de vous annoncer les pires nouvelles... Ses ancêtres Normands, je suppose ?
Et c'est ainsi que, tous les cinq, nous intégrons enfin notre caravane, dans le noir absolu, notre souffle laissant dans l'air ces fumerolles blanches qui disent si bien le retour de l'automne.

Dedans, il fait presque aussi froid que dehors, en un peu plus sec. Je planque nos manteaux bons pour l'essorage dans le placard de l'entrée, je stocke mes petiots en hauteur à trois sur la couchette superposée de leur chambre, les pieds dans le vide pendant qu'on les déchausse de leurs bottes boueuses et...

"Mais Maman, il fait tout noir, et moi z'ai faim !"
"Ben c'est une bonne maladie, cela..."

... je sors mes lampes à huile faites maison en bénissant la Sainte Vierge et le Bon Dieu de m'avoir faite si bricoleuse et prévoyante, et humblement
j'installe la LUMIERE partout dans nos pénates de bois. Vive le Progrès.

On se sent déjà mieux, l'homme moderne étant comme chacun sait, la créature la moins courageuse sous la lune, surtout quand il a les pieds trempés.

Pendant ce temps, Vincent grenouille autour de la caravane et du Chrysler, et finit par nous ramener des provisions. Distribution de chocolat...

"Mmmmmh ! Moi z'adore les vacances!"
"Chéri, je nous ferais bien un café chaud, mais la gazinière refuse de fonctionner..."

Il soupire et s'en retourne sous la pluie brancher le gaz. Et comme nous ne sommes pas doués, ce n'est qu'une heure plus tard que nous nous asseyons enfin autour de la dînette en "U", pendant que dans le four chauffent des pizzas bien méritées.

Et nous découvrons au passage que pour se chauffer, quand le convecteur au gaz refuse de démarrer, ben... Le four fait aussi bien l'affaire.
La vidéo tournée à cet instant est ici:
La nuit terrible...

et celle de la version "électricité branchée pour la nuit fatidique d'Halloween" est là...

Lumière de Samain !

Le camping lui même n'était pas terrible, et nous n'avons pas eu le droit de visiter la ferme bio du tout. Mais Le Berry est décidément une région marrante en automne, avec plein d'endroits à visiter en famille, dont le musée du braconnage qui explique super bien à vos enfants, je trouve, comme la Révolution Française a fait évoluer la condition humaine...

Il y a aussi un château magique plein d'animations du côté de Ghien, et le superbe et inénarrable musée de la sorcellerie à Concressault sur la route de Blancafort, qui est un "must" un soir d'halloween et explique clairement l'horreur de l'Inquisition et les traditions des campagnes Françaises en matière d'herboristerie "sorcière", les "meneux de loups" du temps jadis et leurs rites, le tout à grands renforts de dragons géants et de sorcières hideuses, marrant à souhait : essayez vous ne le regretterez pas.


Pour vous faire une idée du musée, cliquez sur ce lien qui est le diaporama en musique de notre semaine de la Toussaint...
Un petit diaporama Bio ?

Bref, c'étaient là des vacances bien folles et bien marrantes, comme on les aime dans la famille !

Avis aux amateurs, donc : Le Berry, c'est super aussi en Automne et si vous êtes sages, on vous racontera bientôt comme on a rigolé aussi, en revenant en région parisienne, quand nous avons trouvé la ferme où notre gentille caravane est gardiennée... Fermée, avec les chiens lâchés et personne pour nous ouvrir. Ben, on a goûté au camping sauvage, comme tout le monde, hein ? On a même réussi à dormir quelques heures malgré Médor, avant qu'à l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, on ne frappe plusieurs méchants coups sur la coque de Madame Torenu :

"Les enfants, DODO on vous dit !"
"Excusez nous, on a besoin de passer avec le tracteur..."
Et vous, alors, vous étiez où, pendant ce temps-là ?

Sophie